Pause forcée

Appuyée contre son betrayal, Khala contemplait, pensive, l'étendue glacée qui lui faisait face.
Elle avait commencé à pester contre cette panne de mécanique qui l'avait contrainte à stopper.
Et puis, la jeune femme avait fini par en prendre son parti, acceptant ce repos forcé octroyé dans cette course contre le temps et l'épidémie.
Avec un soupir, elle appuya sa tête contre la tôle de son véhicule.
Tant de zones à vérifier, tant d'objets à déposer pour sécuriser les cordons sanitaires. La tache était immense et les volontaires, peu nombreux, mais heureusement très motivés.

Celà faisait quoi six jours, sept jours qu'elle courrait dans tous les sens?
D'abord les premiers essais sur une zone soi-disant saine qui s'étaient transformés en tests de contamination. Au moins, ils avaient appris de ces deux jours d’accès de peste.
Puis l'idée de la zone de quarantaine qui faisait son chemin.  Elle avait synthétisé ce qu’elle avait appris, ce que on lui avait dit ou rapporté. Idée un peu folle, peu pratique, mais qui restait du domaine du raisonnable.
Elle l'avait proposé à d'autres qui avaient tous répondu présent.
Pendant trois jours de folie, ils avaient répertorié des zones et les avaient ensemencé, curieux petits poucets martiens. Ils avaient échoué, bien sur. De sa faute, en grande partie. Une erreur de tracé...
Rongée par la culpabilité, la brune avait failli abandonner, jeter l'éponge. Une quarantaine de contaminations à mettre à son passif, ça faisait beaucoup à digérer.
Ses compères, pourtant, ne lui avaient pas retiré leur confiance, et l'avaient aidé à se remettre en selle.
Ils s'étaient remis au travail ensemble, cherchant une autre zone à enclaver, un nouveau projet à construire.
Et la course avait repris, semée d'espoir et de désespoir, de rencontres et de fous rires, de colère et d'apaisement.
Ensemble, décidés à survivre..