Prévu depuis longtemps

Le soleil descend sur l'horizon, derrière la concession de Khala. C'est l'heure parfaite, se dit la Sorcière, pour y venir.
Elle arrête son betrayal derrière le portail de la muraille et traîne du pied pour rejoindre le sas maître du bunker. Elle s'arrête tous les trois pas et lève le nez vers le ciel ou l'abaisse vers le sable. Le crépuscule ne cesse de l'émerveiller. Surtout après quelques psychobeers.
La Mambo est identifiée comme une amie par la concession de l'Ambre et elle pourrait donc passer le sas et rejoindre le lounge directement. Mais elle tient à l'effet.
Alors elle frappe trois coups, forts et distincts, sur le sas et attend

* Trois coups qui résonnent dans le silence relatif du bunker.
Khala relève la tête des croquis qu'elle étudiait. Elle se lève et va vérifier. Sourire qui apparait en reconnaissant la silhouette à la porte.
Elle appuie sur le bouton d'ouverture du sas. Interphone qui grésille.*

Madame Adepte, bienvenue dans mon humble demeure.
Je suis à la forge, prends nous des beers au passage.

Pas trop habituée à utiliser l'interphone, et toujours pas à l'aise lorsqu'elle communique par le biais de ce genre d'appareil, elle appuie sur le bouton et se contente d'un petit "Ok".
Elle pénètre dans le sas et commence à retirer son scaphandre avant la fin du cycle de pressurisation. Lorsque la deuxième porte du sas s'ouvre, elle jette au sol son scaphandre et son lourd sac, remet son torque vaudou sur sa poitrine et souffle de soulagement en sentait l'air des recycleur contre sa peau, sourit en sentant la fraîcheur du sol contre la plante de ses pieds.

La Sorcière prend le premier sas à gauche pour prendre quatre psychobeers dans le réfrigérateur, puis va tout droit pour rejoindre le garage de Khala et sa forge.
Son premier réflexe lorsqu'elle voit son amie et d'agrandir son sourire et d'ouvrir les bras, mais elle arrête ce deuxième mouvement in extremis avant de lâcher les bouteilles. Elle les pose sur une table à roulette, s'incline devant l'Ambre, puis hausse les épaules et la prend dans ses bras pour la saluer.

- Yoo !
Encore et toujours en train de travailler hein ? C'est bien, c'est bien...
J'espère que tu vas bien.

Elle décapsule une bouteille et la fait glisser vers Khala avant de s'en décapsuler une.

* Elle rend l'accolade avec le sourire. Un des points sur lesquels elle a travaillé, ces derniers mois. Accepter que ses amis soient tactiles et qu'elle leur rende.
Elle boit une première gorgée avant de répondre.*

Tu parles...
J'ai surtout passé les derniers mois à ruminer et à tourner en rond.
Mais, je m'y suis enfin remise.
Ça, * Elle désigne de la main l'établi encombré.* c'est un des derniers morceaux de mon set de combat.

Là, où ça devient intéressant, c'est là.
*Elle désigne l'écran allumé à Dahlia.*
Pure création. Je me suis enfin sérieusement penchée sur notre broche.
Je crois que j'ai enfin trouvé le dessin qui convient.

Et j'ai commencé à...esquisser vraiment un projet que j’ai en tête depuis un moment.

* Elle finit par se taire, reprend une gorgée de bière.*
Et toi, ça va?
Pas trop...désemparée par l'absence de ta dulcinée?

Un souffle qui sort des narines de la Fleur noire, par saccade, un rire.

- Je vivais avant de la rencontrer, je continue même lorsqu'elle n'est pas là.
Et puis, j'ai vraiment de quoi m'occuper en ce moment...je t'en parlerai, mais d'abord, dis-m'en plus à propos du projet qui trotte dans ta tête depuis quelques temps...

Elle jette un coup d’œil autour d'elle, puis hausse les épaule et s'assoit en tailleur au sol, avant de reprendre une gorgée de psycho'.

Tu vivais avant? Quelle surprenante nouvelle... * ironise-t-elle.*
C'est juste que ...* Elle finit par hausser les épaules.* Quand on est amoureux, ou en couple, les premières séparations ne sont jamais agréables.

* Elle aurait préféré quand à elle se percher sur l'établi, mais qu'à celà ne tienne. Elle s'installe à coté de la Mambo, vox sur les genoux.*

Regarde, c'est un set totémique. Lama. Surprenant, non?

* Elle fait défiler les notes, les croquis préliminaires de ce qui finit par concerner une dizaine d'objets.*
Beaucoup de cuivre, de cuir et de petits cranes, de la peinture blanche pour dessiner les lamas.
Une émeraude aussi.
Je voulais la mettre sur le heaume, mais je me demande si elle n'irait pas mieux sur la cuirasse.

- Moi j'aime les séparations, ça permet d'apprécier la personne par la suite, encore mieux.

Avec un sourire en coin, elle continue de siroter sa psycho' et prête une grande attention aux schémas qui défilent sur la vox, essayant de les comprendre.

- C'est vrai qu'en général les pierres précieuses se mettent sur la tête, à hauteur de regard. Même si je n'ai jamais compris en quoi ces pierres étaient si précieuses que ça...
Mais le cuivre c'est bien, et le cuir est une valeur sûre.
Si t'as besoin de quelque chose pour t'aider à réaliser ce set, je suis prête à aider. Notamment pour les petits crânes, même si je pense que tu dois en avoir un stock made in Yaxche.

La prononciation de ce dernier mot est parfaite, écho sans altération des plaintes qui hante les donjons. Les heures passées à écouter les enregistrement de la voix supposée de Yaxche ont laissé leur empreinte.

Elles sont précieuses, d'abord parce que elles sont belles.
Et puis, elles ont souvent une grosse charge symbolique...comme les chipolatas.

* Éclat de rire devant l'imitation.*
On verra. Je ne dois même pas avoir le quart des composants en stock, Ma'ame Yaxtche.
Si Gotffried accepte les schems, je serais déja ravie.
La réalisation, c'est encore un autre plaisir.

Créer, ça aide à compenser toute cette destruction. Ca équilibre, ça m'équilibre.

- Et c'est pas mal de garder un équilibre dans le coin...
Mais je ne trouve pas que les pierres précieuses soient particulièrement jolies. Je me souviens que quand j'étais petite, j'avais ramassé un petit caillou sur une plage de galets et je l'avais gardé pendant longtemps en pensant que c'était une de ces pierres précieuses. Il était d'un beau gris, tout doux, lisse après des millénaires de ressac maritime, je le cachais car je pensais que si on me voyais avec on allait me le prendre ou m'inciter à le vendre. En grandissant j'ai appris qu'il ne valait rien, que c'était un simple caillou, et que par contre des gens s'endettaient pour des trucs sans âme, de couleur soi disant flamboyant, sertis dans des bijoux qui se ressemblent tous...

La Sorcière rit de bon cœur en fermant les yeux un moment, l'histoire est remonté toute seule, de très loin.

- J'espère également que Gotffried va valider ton travail. D'après des rumeurs qui tournent, il va se pencher sur ce que les terra ont fait ces deux prochains mois...
Par contre, je ne sais plus s'il ne faut pas avoir en sa possession tous les composants d'un schématique que l'on propose...

* Elle écoute l'anecdote avec un sourire attentif. Celui-ci ira dans la besace des souvenirs, pleine de ceux des autres.*

J'ai une étagère sur un mur de ma chambre.
Elle est remplie de cailloux comme le tien, trouvés dans mes pérégrinations.
Il n'y a pas une beauté, mais des beautés. Et cette planète en regorge.
J'aimerais un jour trouver un filon d'opales ou d'obsidienne...

* Un haussement d'épaules faussement négligent. Les voies de Gottfried sont impénétrables.*
On verra bien. J'ai arrêté de chercher à comprendre pourquoi il en valide certaines et pas d'autres.
Au moins, j'ai recommencé à créer et c'est déja un grand pas dans la bonne direction.
Avoir tous les composants permet d'avoir un exemplaire, en prime.
Je préférerais avoir les schems sans avoir besoin d'y passer une fortune en badges.

* Elle finit sa psychobeer, la pose près de son genou.*

Alors? Qu'est ce qui t'occupe tant en ce moment?

La Sorcière prête grande attention aux paroles de l'Ambre. Plus elle boit, plus elle prête attention à ses paroles. Le sens, mais également la forme, l'intonation, la façon de dire les mots.
Elle sourit avant de répondre.

- Les autres. Les autres m'occupent en ce moment.
Je les aide à faire ci ou faire ça, ils m'aident en retour. Je fais le tour des lounges...et j'ai parfois l'impression de raconter dix fois al même anecdote, aha...
J'ai la bougeotte en ce moment. Je crois que j'ai un peu trop stagné au Papillon.

Elle fait une pause, réfléchit et reprend en bougeant les mains pour illustrer ses propos.

- La manière dont je l'ai dit sonne de manière négative, mais pourtant ça ne l'est pas. Je me rends juste compte que c'est difficile pour moi de rester à un endroit, même un endroit que j'aime.
Relax, je suis pas prête de vous quitter...par contre, je vais peut-être bouger une semaine ou deux.
La Garde Noire a besoin d'une adepte pour remplacer la leur qui est en stase. Ce me ferait un bon petit retour au source...le premier syndicat qui m'a ouvert ses portes, ah...

* Elle l'observe longuement tandis que un sourire en coin commence à jouer sur ses lèvres.*

Je fais plus que comprendre.
C'était la même chose pour moi. Il était plus que temps que je sorte de notre cocon.
Doc aussi voulait bouger, mais le temps qu'il se décide...

* Les ambres se font lointains, le temps qu'elle passe les possibilités en revue.*
J'aurais préféré que Ursula soit de retour avant que tu t'en ailles, mais on a de la marge.
Lev passera boss, je passerai adepte.
Je n'ai plus dû retoucher à un temple depuis Obscure. Ça aussi, ça remonte.
Donc, Madame Adepte, vous pouvez aller sauver la ferveur des Gardes dès demain, si besoin.

Hmm, le tour des lounges... Je devrais le faire plus souvent... Je m'encroute un peu, je dirais.

* Une pensée soudaine qui remonte du fin fond de sa mémoire, un souvenir qu'elle avait enfoui loin.
Elle leur sert les deux dernières beers avant de reprendre.*

Tu te souviens que je t'avais demandé un rituel?
En deux ans, tu as eu le temps de trouver ce qu'il fallait pratiquer?

La Mambo regarde dans un coin d'ombre du garage, puis au plafond. Elle avale une gorgée de psycho' avant de revenir à Khala, le regard en coin.

- En deux ans, j'ai surtout eu le temps de me demander s'il fallait le pratiquer, ce rituel.
Les choses personnelles comme ça, qui tiennent à cœur, j'ai toujours éviter de me mettre dedans...on sait jamais ce qu'on peut trouver.

Elle retrouve le sourire en plongeant son regard dans celui de l'Ambre.

- Bien sûr, je suis en même temps curieuse des choses personnelles qui te concernent. Et je tiens, de tout mon cœur, à t'aider.
Mais il faut que tu comprennes que je ne serai que celle qui aide, celle qui tient la porte, je serai l'étrangère dans l'histoire. Cela demandera beaucoup de volonté de ta part.

Son regard glisse, des yeux de Khala il descend sur son visage, le long de ses bras, jusque ses jambes, puis il remonte.

- Es-tu sûre de le vouloir, d'en avoir besoin ?

* Elle pose les yeux sur la beer qu'elle fait tourner pensivement entre ses mains, cherchant le courage de parler.
Elle ne parle jamais de ce qui lui tient le plus à cœur, de sa plus grande blessure.Les rares fois où elle l'a évoqué, elle a vite fait bifurquer la discussion. C'est intime et elle partage rarement son intimité.
Elle relève la tête et les ambres croisent les prunelles bleu grises de la sorcière.*
Il y a un moment, j’ai fait semblant.
Semblant que ça n'avait jamais existé, que jamais je ne les avais porté, que jamais ils ne me manquaient.
J'ai failli en mourir...
Je ne peux pas plus renier cette part de moi que je ne peux me passer de respirer.
J'ai mis du temps et j'ai appris à vivre avec.
La plaie est moins douloureuse. J'arrive même à être heureuse, parfois et à apprécier ces moments sans culpabiliser.
Mais... Elle est là.
* Sa main droite se pose sur le ventre.*
C’est un vide qui ne saurait être comblé.

* Elle ferme les yeux, un moment, puis les rouvre et fixe son amie.*
Je ne veux pas l'impossible.
Juste leur donner ma bénédiction.
Qu'ils soient encore enfants ou adultes.
Qu'ils soient vivants ou déja morts, mes enfants ont le droit d'avoir au moins ça de leur mère.

La Mambo scrute attentivement Khala pendant qu'elle parle, les mouvements de sa bouche, de ses yeux, les tics de son visages liés aux intonations de sa voix.
Elle a conscience de l'intimité du sujet et essaie de comprendre son amie, sans se mettre à sa place, car elle sait qu'elle échouerait.

- Tu veux...partager une émotion ?
Quelle chance, c'est ma spécialité. Aha. C'est surtout la spécialité d'une émotion, d'être partagée.
Mais je vais te faire un aveu...

Elle termine sa psychobeer, la pose, et recentre son regard avec une petite moue.

- ...je ne sais pas si je pourrai percer les barrières, la bulle dans laquelle nous sommes. Je ne sais pas si quelqu'un le peut.
Car, Mars, pour ça, est une terre riche en connections, en flux. Les Grands Anciens, le vaudou, les divinités oubliées des déserts profonds, MMEMO...c'est comme si une grille quadrillait chaque atome de cette planète, comme si toutes les choses étaient attachées entre elles par des chaines qui tiraient dans un sens et dans l'autre.
Si tes enfants sont sur Mars, je peux leur crier ton nom et ton amour dans le cœur.
Mais je ne sais pas si ce cri peut percer le voile et être entendu sur la Bleue.

Si il y a bien une chose pour laquelle je prie, c'est surtout que ils ne soient pas ici.

* Cri du cœur.
Si cette planète est riche de possibilités, elle n'est, pour le moment, surtout pas faite pour des enfants.
Voile de tristesse et de déception qui assombrit les ambres tandis que elle entend le sens profond de ce que lui annonce son amie.*

Est ce que celà te mettrait en danger si on essaie quand même?
Je ne suis pas, à ce point, obsédée pour tolérer que cette... bénédiction te blesse, au passage.
La famille que je me suis reconstruite ici, j'y tiens assez pour ne pas vouloir la sacrifier sur un faible espoir.

*La Sorcière rit de bon cœur. Malgré tout elle rit, comme toujours.*

- Nan, pas me blesser...enfin, pas plus que certaines bénédictions martiennes...
Non ce que je crains surtout, c'est que l'on ne soit pas entendu. C'est bien pire. Crois-moi que si je pouvais puiser dans mes réserves et me blesser pour assurer la communication, je le ferai, mais là, rien n'est sûr.
Sauf que ça ne se fera pas en une fois.

*Elle rit de nouveau.*

- Il n'y aura pas un couplet en langue incompréhensible, une explosion de lumière et des visages de fumée qui parlent, aha...il faudra qu'on recommence le rituel en tâtonnant. Parce que...je suis pas exactement sûre de la manière de procéder. Enfin je vois à qui je vais essayer de faire appel mais...il y aura beaucoup d'essais.

* La jeune femme maugrée.*
Je préférerais que ce soit moins ou que ce soit moi qui paye ce prix là.
J’ai toujours un moment d'angoisse dans tes cérémonies. Savoir si cette fois, ils ne vont pas te retenir et te garder, ne pas te laisser revenir...

* Sourire qui fait un bref passage sur le visage cuivré.*
Comment? Tu n'as pas juste à claquer des doigts en récitant une formule magique?
Tsss... Les sorcières ne sont plus ce qu'elles étaient...

* Elle pose sa main sur le poignet de Dahlia.*
Merci.
Merci d'y avoir pensé encore après, merci de m'aider et d'essayer.

* Une seconde d'hésitation.*
Je peux te demander à qui tu vas demander?
Je... Juste que je me fasse à l'idée...

*Large sourire de la part de la Mambo.*

- Tu me donnes l'occasion de m'essayer sur de nouveaux chemins. Tu me donnes, un objectif, parmi tant d'autres. Tu sais, ce serai presque à moi de te remercier.

*Elle essaie de ne pas rire à la question de son amie. Elle essaie vraiment, mais n'y arrive pas et craque au bout de quelques secondes.*

- Oh je vais m'adresser à, heu...Papa Legba pour commencer, obligé pour espérer percer le voile, Erzulie ensuite Erzulie Dantor plus particulièrement, pour la nature du sentiment et votre...relation, et je m’adresserai aussi à Damballa et sa femme, car j'apprendrai beaucoup j'en suis sûre. Ensuite j’épandrai de la poudre de crâne des Grands Anciens pour attirer et lier les puissances combinées des deux flux.
Tu t'es bien faite à l'idée, tu veux leur adresse pour les voir avant ?

* Embarras qui fait virer ses pommettes au brique avant que Khala finisse par joindre son rire à celui de son amie.
Oui, elle protège sa vie privée. Oui, ça l’embarrassait de savoir que un ou d'autres adeptes y seraient mêlés. Et? Rien de plus naturel, non?
Et oui, Dahlia a raison de se moquer d'elle. Quand on veut quelque chose, il faut savoir y mettre le prix.*

Non, mais présente-les moi quand même.
Mes souvenirs de candomblé sont plus des ombres de souvenirs que autre chose et tu m'avais dit qu'il y avait des différences entre les deux cultes.
Et si, en plus, tu m'apprenais en même temps comment une polonaise devient prêtresse vaudou plutôt que sorcière slave, je pense que je serais comblée.