I was made for

Morsure du froid qui brule son visage quand elle défait son casque.
Première inspiration sans bouteille. L'air est froid, mordant, il a une odeur de vieille poussière, de renfermé et d'humidité.
Dios qu'il est bon, cet air, sans la marque chimique d'ozone des bouteilles.
Sourire hilare, goguenard, tandis qu'elle dépose bouteilles et masque dans un coin du donjon.
Ce ne serait pour le froid, elle se débarrasserait avec le même empressement du reste de son scaphandre. L'adrénaline dans son organisme commence à faire son œuvre, visiblement.
Éclat de rire qui lui échappe à s'imaginer en jupe, la dague entre les dents à affronter les Adorateurs.
Non, non, non, cuirasse il faut garder ainsi que la raison.
Elle fait rouler ses épaules, débarrassées du poids et de l'encombrement des bouteilles. Sensation de liberté et de légèreté.
Mains qui se posent sur le pommeau de ses deux dagues, s'y referment et les sortent. Là aussi, elle a choisi la légèreté. Autant profiter de sa dextérité et délaisser l'encombrant Laboureur. Il lui reste peu d'avantages au combat, autant les jouer à fond.
Légèreté qui résonne dans tout son corps, quand en s'échauffant, elle se rend compte que celui-ci n'a rien oublié des mouvements appris pendant tant d'heures auparavant.
Une qui frappe, l'autre qui défend.
Une qui fend, l'autre qui garde.
Mettre à profit leurs différences.
L'une pour l’estoc, l'autre pour la taille.
Attaquer de préférence avec celle sans garde, tandis que les quillons de l'autre serviront à parer un coup.
Simple, efficace, brutal:beau!
Nouveau rire qui s'échappe et dont l'écho ricoche sur les murs de pierres du donjon. Nul doute que beaucoup sourcilleraient à  sa définition de la beauté. Qu'ils sourcillent. La beauté d'une arme tient tout autant à son aspect que à son efficacité.
Elle se met en chasse, parcourant les corridors sombres.

Dernier râle qui s’achève dans un gargouillis liquide. Elle se redresse péniblement.
Rire épuisé et pourtant triomphant qui lui échappe.
D'une main maculée, elle repousse une mèche de cheveux moite. Elle est en sueur, en sang, éreintée mais vivante, si vivante.
La pointe de sa langue recueille une goutte de sang sur le bord de sa lèvre. Elle savoure la saveur cuivrée. Est ce le sien, celui d'un adorateur? Est ce important?
Un chiffon propre devient garrot pour l'estafilade qui court le long de son bras droit, deux viennent compresser sa blessure à l'abdomen.
Elle reprend le chemin du retour, vers son matériel, suivant les cailloux sanglants que Petit Poucet Prédateur elle a semé.
Son corps vibre, elle est aux aguets, acérée.Elle écoute la chanson que lui murmure le sang qui bat à ses oreilles : vivante, vivante, vivante...
Sourire aux lèvres, elle commence à fredonner:
I was made for killin'you, baby
https://youtu.be/CmELf8DJAVY