[RP/IG] Des limbes à l'Enfer

Journal, jour 1. Réminiscences.



*Je suis aux portes du monde, larve cosmique baignée d'inconscience, j'erre dans ce confins ouaté. Rien. Juste quelques particules agitées, folasses crèvent la noirceur sous des paupières closes. Je ne sais où je suis. Rien qu'une pensée peut être. Quelques vestiges du passé finissent de tomber en poussières dans leurs ruines. Je suis bien, détachée matérielle, d'un caisson à un autre, vague appréhension du présent.

Quelques silhouettes impassibles et zélées, penchées sur ce que je suis,obscures dans leur accoutrement. Je flotte.

NOIR.

Des salles fugitives, cette sorte de savoir de base, je l'ingurgite comme une denrée non périssable, indispensable aux premiers pas,des bribes de données qui s'assemblent d'images et de lettres, les sons, l'odeur étrange,. Qui n'a rien de terrestre.
Mon sens olfactif est largué.
Comme je le suis aussi. Une sorte de poussée brutale, le froid transcendant. Je file. Je fonce. J'ai ce vertige des chutes à pic.
Un haut le coeur. Je voudrai retourner en arrière mais la gangue m'envahit, glacée et c'est la nuit qui doucement m'enveloppe.

C'est la voix qui le dit. Devrai je le croire, cet auguste pantin désarticulé qui me conte sa rengaine. Comme une litanie maintes fois reprise, au refrain usé. Apparu soudain comme un songe vivant, comme un totem en nocturne néfaste.

Je vois une capsule qui transperce une matiere inconnue, des points brillants par milliers trouent la trame ténébreuse, la flamme ardente au train arrière va son allure affolante.

Et il y a cette grotte qui se superpose. Je doute. Suis je double ?
J'entame le dialogue sans parole avec cet oracle étrange. Il me semble bien que c'est de pensées à pensées entre nous.
Je suis bien trop brumeuse pour approfondir...

Je vais me réveiller me dit il....Je rève donc ?
Je songe qu'il faudra me faire fondre avant, perclue que je suis, changée en glaçon. Le givre qui affleure à bordure de cils ne saurait démentir cette boutade nébuleuse.

NEANT.

Je repose comme on gît. Statue de gel, morbide paleur que ma peau et le bleu de la carnation. Sensée revenir à la vie. Je ne suis qu'un élan dans l'immensité rouge. On m'insufle chaleur. Vais je refleurir ?
En attente de reprendre corps et battement. Je frémis au bout d'une eternité, le sang circulant à ce rythme lent de reprise après un arrêt brutal. Je respire. A peine. Ca fait une légère buée.

Je suis toujours dans le noir, encore suspendue aux limbes d'où je viens, je m'en extirpe difficilement, le temps parcouru, ecoulé, n'a pas de fin.
J'ai tant d'âge à l'intérieur, je sais curieusement d'où je viens, pourquoi et à quelle fin. Le comment m'est refusé, bien que j'essaie de m'y accrocher. Las.. Je viens d'ouvrir brutalement les yeux en même temps j'ai oublié.

Je fixe avec acuité devant moi, un voile flouté au regard. Je me demande sur quelle scène, quel paysage mon regard s'est éteint autrefois. Je sais que cela ne ressemblait en rien à cela. Je reconnais sans avoir jamais poser mes prunelles sur ce décor là. C'est une conviction ancrée.Je ne m'explique pas, je sais que c'est normal.

Je reste immobile le temps necessaire, sorte de trève, prélude à l'éveil. A l'action. Quelques lumières clignotent hors ce carcan translucide et compact. En synchronisation parfaite avec le rayon qui me balaie de haut en bas. Pourpre intense, comme la gorge chantante d'un oiseau esprit.

Bientôt je me lèverai. L'étrangère me jauge dans ce reflet. Au dessus. je la dévisage également. Surprise.
Quand j'aurai retrouvé l'usage de ce corps trop longtemps endormi. Qui doit se rappeler comment vivre. J'aspire de nouveau une goulée d'air, j'entends le métronome interne donner de son diapason et pulser dans mes veines. Régulier et calme.

Je suis Intia. Je sais qui je suis et pourquoi.
Je ne suis pas le fruit d'un hasard. J'ai la mémoire de l'Accompli.
Je sais ce que j'ai à faire et combien je suis fragile.

Une éruption volcanique explose dans mon crâne, la lave éclaboussant les cieux, des coulées intenses comme ras de marée traçent leur chemin sur la fleur incendiée. L'obsidienne frappe. Tout à un goût de cendres. Le ciel a disparu et les oiseaux sont morts fauchés en plein vol.

Je frémis de tout mon corps nu et frêle. Je replonge en sommeil réparateur. Petite larve dans sa chrisalide.

Misérable comme je dois être, je commence par le commencement bien sûr.. Avide de ce qui me reste à découvrir maintenant qu'on m'a remise dans la course éternelle. J'ai soif et faim aussi. Je souris dans ce sommeil.
JE SUIS VIVANTE et le reflet à la paroi m'apprend que cette inconnue qui me regarde en transparence c'est moi même. Autrement. Différente. C'est la première fois que je m'aperçois.Je me plais bien au final. Ne serait cette cicatrice fine et ourlée à la droite d'un sourcil apaisé et fin. Mort rapide s'il en est..*